Comment faire en sorte que les enseignants soient compétents?

L'évaluation des enseignants

15 décembre 2011

 

 Comment évoluer sans évaluer?

 

Depuis quelques mois, suite aux orientations de la Coalition Avenir Québec, l'évaluation des enseignants est un sujet chaud dans les milieux scolaires tout comme dans les médias. Pierre St-Germain, président de la Fédération autonome de l'enseignement, dans un article récemment paru dans Le Devoir, déplorait l'attitude de François Legault: «Étonnamment, la CAQ persiste à faire porter aux enseignants l'entière responsabilité des maux du système d'éducation même si, de l'aveu même de son chef, 95 % d'entre eux sont compétents et consciencieux. Envers et contre tous, l'évaluation des profs serait LA PRIORITÉ (…).» Mais que faisons-nous du 5% restant? Le système d'éducation québécois, certes, a besoin de remaniements. Mais peut-être que nous réussirions à créer un système plus efficace si les personnes qui le constituaient étaient plus motivées?

 

Je ne vois pas que du négatif à évaluer les enseignants. Mon expérience dans les milieux scolaires me fait questionner sur la qualité de certains enseignants ainsi que leur professionnalisme. Malheureusement, les enseignants qui devraient, selon moi, être plus expérimentés sont souvent ceux qui sont pointés du doigt par les parents ou la direction, comme quoi ils ne s'impliquent pas assez ou semblent blasés par leur profession. Voici quelques exemples de choses que j'ai vu dans les écoles: des enseignants qui crient ou font de l'intimidation envers des élèves, qui ne sont pas planifiés et qui font perdre beaucoup de temps aux enfants, qui ne veulent rien savoir des formations ou des colloques pour le développement professionnel, qui ne veulent pas appliquer le Plan Réussir parce qu'ils trouvent qu'ils ont déjà «trop de travail»…Pourquoi n'y a-t-il aucune conséquence à ces actes ou attitudes?

 

La réforme appliquée aux enseignants!

 

Il serait souhaitable que l'enseignement soit une profession revalorisée, tant au plan salarial qu'au plan social. Il s'agit là de l'avenir des enfants du Québec; pouvons-nous s'assurer d'avoir dans nos classes des enseignants de qualité? J'ai l'impression que les enseignants qui ne veulent pas se faire évaluer ont peur de ne pas être à la hauteur. Mais ne serais-ce pas pratique de connaître ses lacunes pour pouvoir évoluer davantage? N'est-ce pas ce que nous apprenons aux élèves? Alors pourquoi ne pas vouloir le faire pour nous-mêmes? Nous faisons de l'évaluation formative avec les enfants, pourquoi ne pas le faire avec les enseignants? Nous utilisons le portfolio pour les enfants, pourquoi ne pas l'utiliser pour les enseignants, afin de démontrer à la direction d'école les projets réalisés? Normalement, selon moi, un individu doit être payé par rapport à son expérience ET à sa motivation à aller plus loin. Malheureusement, notre système actuel fait en sorte que, bon ou mauvais, motivé ou non, un enseignant sera payé selon l'échelle salariale. Je crois qu'il serait important de penser à une échelle salariale différenciée, pour reconnaître ceux qui sont méritants.

 

Vers un plan de développement professionnel

 

Un futur enseignant est constamment évalué, à l'université et pendant ses stages. Lorsqu'il fait son premier contrat, il est évalué par la direction, et, souvent, il s'agit de sa dernière évaluation de sa CARRIÈRE. Est-ce logique de n'être évalué que pendant ses premières années de métier? Qu'arrive-t-il après 10 ans? Tout dépend du bon vouloir de l'enseignant. L'enseignant qui veut rester dans son carcan le fera, sans aucune réprimande, mise à part quelques plaintes potentielles de parents ou de ses pairs. Est-ce logique? Pourquoi n'y a t-il pas plus de liens entre l'université et les écoles primaires et secondaires? Mon idée n'est pas de copier le projet «IMPACT» des Etats-Unis, soit d'évaluer les enseignants par rapport, entre autre, au rendement des élèves: c'est tout à fait absurde puisque les milieux favorisés sont nécessairement avantagés par ce système. L'idée de créer des plans de développement professionnel (appelés career ladders aux États-Unis) me paraît particulièrement intéressante. Il s'agit de permettre aux enseignants des avancements professionnels, sans pour autant quitter leur rôle d'enseignant pour de la direction d'école.

 

Les plans de carrière pour les enseignants américains consistent en une hiérarchisation des fonctions d'enseignement auxquelles correspondent des degrés différents de responsabilités qui tiennent compte des degrés différents de compétence des enseignants. Comme tout autre plan de carrière, il s'agit d'un système de promotion à l'intérieur de la profession. Le système comporte un certain nombre d'échelons que les enseignants peuvent gravir à partir de critères les plus objectifs possibles. Chacun des échelons comprend de nouvelles responsabilités et une augmentation de salaire. (Barnabé, 1992, p.18)

 

Bien entendu, ce genre de système demande du temps et de l'énergie, mais également des ressources financières. Bref, le Québec a besoin de modifier son système d'éducation. Reste à savoir comment, et à quel prix…                    

 

BIBLIOGRAPHIE

 

 

 

Périodiques Internet

 

 

Barnabé, Clermont. (1992). Un plan de carrière pour les enseignants: l'expérience américaine,             Revue des sciences de l'éducation, vol 18, no 1, p.17-28, Retrieved December 21st,from             http://id.erudit.org/iderudit/900717ar

 

St-Germain, Pierre. (2011, 13 décembre). Coalition avenir Québec: sombre avenir pour le             Québec. Retrieved December 21st, from             http://www.ledevoir.com/politique/quebec/338261/coalition-avenir-quebec-sombre-            avenir-pour-le-quebec

 

 

Site Internet

 

District of Columbia Public Schools. (2011) IMPACT (Performance Assessment). Retrieved             December 21st, from http://www.dc.gov/DCPS/impact

 

 

Thèse

 

 

Roy, A. (2008). Les fondements d'une éducation humanisante et la motivation de futurs             enseignants. Mémoire de maîtrise, Université Laval, Québec, Canada.